Qu’est ce que la victimologie ?

LA VICTIMOLOGIE

 1) Introduction

Les évènements du 11 septembre aux USA ont mis en lumière, de par le monde, une spécialité jusqu’ici délaissée ou mal connue, y compris des médecins et des psychologues: la Victimologie.

Pas uniquement la Victimologie d’exception (celle des grands attentats ou des catastrophes énormes), mais aussi la Victimologie « ordinaire », celle qui est rencontrée tous les jours, dans la pratique quotidienne des médecins (en médecine générale, comme en spécialités) et des psychologues.

Agressions et sévices sexuels et autres, violences conjugales, sociétales, harcèlement moral et/ou sexuel, accidents, attentats, qui touchent enfants, adultes, personnes agées.

Des situations de détresse somatique et psychologique sont engendrées par ces traumatismes; mais elles sont parfois difficiles à discerner, car elles sont variées et passent souvent inaperçues, dans leurs conséquences cliniques, partie émergées de l’iceberg.

Il s’agit d’une véritable épidémie le plus souvent cachée, car, dans la grande majorité des cas, les victimes ne se plaignent pas directement, par honte et culpabilité, et ne savent pas comment accéder aux réseaux de prise en charge, même si en Israël (à cause de la guerre) la situation semble meilleure qu’à l’étranger.

Afin d’éviter une « survictimisation », c’est-à-dire le sentiment aggravant qu’ont ces patients isolés de n’être ni entendus, ni compris, et de démarrer un grand mouvement de médecine préventive et de dépistage, le médecin, en liaison avec des psychologues, des juristes et travailleurs sociaux, des travailleurs bénévoles, spécialisés en Victimologie, peut devenir un des personnages clefs face à l’horreur des chiffes sans cesse croissants de la violence, et réaffirmer ainsi son rôle social essentiel.

 2) Mais au fait qu’est-ce que la Victimologie ?

 La Victimologie, c’est l’étude du comportement des victimes et leur prise en charge.  

C’est une discipline en pleine croissance, qui regroupe le Droit, la Psychologie, et la Médecine, et qui est reliée à la Criminologie, qui, elle, s’occupe des agresseurs (toutes ces disciplines sont parfois antagonistes : cf. le secret professionnel par exemple qui sera gardé par les médecins et psychologues et qui gênera le travail des juristes ; ou bien le désaccord entre médecins organicistes et « psy »).

Les victimes sont de toutes sortes:

 – victimes d’accidents,

 – victimes dans les sociétés où elles vivent (agressions diverses, dont sexuelles),

– victimes des Etats et de leurs représentants (esclavage-massacres de masse-génocides),

– victimes de guerres/d’attentats.

La Victimologie est donc centrée sur l’étude des prédispositions d’une personne, ou d’un groupe, ou bien d’un peuple, à tenir le rôle de victime, avec comme souci d’améliorer le sort de cette dernière; en offrant aide médico-psychologique, appui social et juridique, recherche historique, exigence de dédommagements,  pour alléger ses souffrances.

On parle de processus de victimation (ou de victimisation chez les anglo-saxons), lorsqu’on étudie le phénomène qui aboutit à rendre une personne, un groupe, ou encore un peuple, victimes d’agressions criminelles.

C’est B.MENDELSSOHN en 1948, aux USA, qui annonça la fondation de cette nouvelle discipline, et qui la dénomma « Victimologie ».

Il s’était insurgé contre la différence de traitement réservé aux criminels, et aux victimes: les premiers avaient droit à toutes sortes d’aides (traitements médicaux, psychiatriques/psychologiques, programmes de réinsertion dans la société, aide judiciaire gratuite), alors que les secondes devaient apporter les preuves de leur agression, payer (cher) un avocat, pour ne percevoir que rarement les dommages et intérêts à cause de l’insolvabilité des criminels.

Il avait aussi été très choqué par la Shoah, et son nombre impressionnant de victimes.

Depuis, au delà des compensations matérielles, on s’intéresse aux réparations médico-psychologiques et morales, pour les victimes, qu’elles le soient, encore une fois, en tant qu’individus, groupes ou peuples.

En France, l’Université PARIS V et l’Université PARIS XIII enseignent cette discipline pour les médecins, psychologues, avocats, officiers de police ou de gendarmerie. En ISRAEL, ce sont l’Université BAR-ILAN (département de Criminologie), l’Université hébraïque de Jérusalem (département de Criminologie, également) et l’Université de BEER-SHEVA (département des Sciences du Comportement), qui se sont chargées de cet enseignement. Cette dernière s’est aussi intéressée au devenir des descendants des nazis (cf. les travaux du professeur BAR-ON dans le domaine de l’AGRESSOLOGIE).

La victimologie générale s’occupe donc de toutes les victimes.

D’aprés Gérard LOPEZ (Professeur à PARIS V) :

 « La Victime est un individu qui reconnaît avoir été atteint dans son intégrité personnelle par un agent causal externe, ayant entraîné un dommage évident, identifié comme tel  par la majorité du corps social » .

Cette définition est cependant trop restrictive.

Pour l’ O.N.U., (A/ RES/ 40/ 34 du 11/12.85):

 « On entend par VICTIMES, des personnes qui, INDIVIDUELLEMENT ou COLLECTIVEMENT, ont subi un préjudice, notamment une atteinte à leur intégrité physique ou mentale, une souffrance morale, une perte matérielle, ou une atteinte grave à leurs droits fondamentaux, en raison d’actes ou d’omissions, qui enfreignent les lois pénales en vigueur dans un Etat membre de l’ONU, et qui représentent des violations des normes des droits internationalement reconnues en matière de Droits de l’Homme ».

 

Chez nous, en Israël, il faut plutôt parler de « revictimation » et de « survictimation » (qui sont des processus transformant certaines victimes en cibles préférentielles pour les agresseurs), car l’agression criminelle (par guerres ou attentats) ne s’est jamais arrêtée contre le peuple d’Israël, l’antisionisme étant la forme politique moderne de l’antisémitisme traditionnel…

L’être humain peut donc être victime, je le répète, de trois manières :

-individuellement

-en groupe

-en masse.

Pour Israël, les trois coexistent.

En victimologie, on parle aussi de «victimation aiguë» et de «victimation chronique».

Dans le premier cas, bien que la durée de l’agression soit brève et qu’il n’y ait pas répétition, il y a stress intense, avec P.T.S.D. (ou Post Traumatic Stress Disorders, i.e.désordres dus au stress faisant suite au traumatisme), décompensation psychique, maladies psychosomatiques.

Dans le deuxième cas, la durée est prolongée, il y a répétition des agressions, ce qui entraîne des sentiments d’exclusion (la personne, le groupe, le peuple se sentent étrangers), des problèmes d’identité, des comportements d’échecs (affectifs, professionnels, nationaux), la répétition des agressions à son encontre (cf. le processus de revictimation défini plus haut), la déviance, des problèmes psychiatriques, des problèmes psychosomatiques.

Quel est le pronostic dans les deux cas?

Pour ce qui concerne la victimation aiguë, il est favorable, s’il y a prise en charge rapide (judiciaire, sociale, médicale, psychologique).

Dans le cas de la victimation chronique, le pronostic est sévère ; la prise en charge est difficile sur le plan judiciaire (il faut prouver les agressions répétées), le plan social (on a tendance à considérer les victimes coupables des nombreuses attaques dont elles ont été l’objet), le plan médical (les problèmes peuvent s’avérer graves), le plan moral et psychologique (les victimes ont un intense sentiment de culpabilité).

Israël est évidemment concerné par la victimation chronique!

 3)Identification à l’agresseur.

 Afin de mieux cerner le sentiment de culpabilité des victimes, et donc l’autovictimation, je vais développer les mécanismes psychologiques de l’identification à l’agresseur, en me basant sur les études qui ont été faites sur la torture, parangon de la victimation chronique, puisque les agressions y sont répétées et terriblement brutales. Evidemment, j’ai bien conscience que tout Israël n’a pas subi la torture, mais, toutes proportions gardées, l’antisémitisme et sa forme moderne, l’antisionisme ont produit le même résultat.

En apparence, le but de la torture c’est l’obtention des aveux, des informations (sur les réseaux des « terroristes »). Mais, en fait, ce que recherche le pouvoir au travers des bourreaux, c’est la dépersonnalisation, la modification profonde de l’identité de celui qu’ils appellent le juif, ou le cosmopolite, le subversif, le communiste, l’arabe, le sous-homme, etc. C’est pourquoi, au delà de la douleur physique imposée avec violence, il y a la douleur psychique, avec son cortège de frayeurs, d’angoisse massive, d’hallucinations, de honte, de culpabilité.

Les moyens employés pour parvenir à ce résultat souhaité sont nombreux :

-insomnies provoquées

-simulacres d’exécution

-provocations de la certitude d’être mort

-coups, viols

-bouleversement de l’ordre social : des lieux rassurants pour la société, tels que des salles de classe, des stades de foot-ball (en Argentine), sont transformés en enfer, alors qu’ils restent les mêmes à l’extérieur

-bouleversements du temps: nuit/jour, tout est confondu.

Le torturé ne peut même pas imaginer la fin de son cauchemar.

A la suite de tels traitements, la plupart des individus sont annihilés, détruits, perdent leurs convictions, les valeurs qui les faisaient vivre jusque-là.

Pour comprendre ce processus de désintégration psychique, il faut reprendre ce que la psychologie appelle « l’ontogenèse des relations objectales de l’être humain » (c’est à dire la série de transformations subies par l’individu depuis sa naissance, dans la relation avec les personnes qui ont le plus compté pour lui, à commencer par sa mère).

On sait que l’être humain s’attache à sa mère (ou à son substitut) dès la naissance, et qu’il aura avec elle une relation intense qui impliquera son corps (on parle de « moi corporel »).

A partir de cette relation corporelle, de la satisfaction de ses besoins physiques, et en fonction de sa maturation neuro-physiologique, l’être pourra élaborer plus tard l’amour, l’admiration, l’adhésion, puis à l’âge adulte, l’idéologie, l’éthique. S. FREUD écrivait dans Inhibition, symptôme et angoisse :

En raison de la prématuration, de l’incomplétude avec laquelle l’être humain vient au monde, il s’établit un facteur biologique qui fait que dans la situation de danger extérieur, la nécessité d’être aimé se développe. Nécessité qui n’abandonne jamais l’homme.

La relation corporelle du bébé avec sa mère sera donc cette « matrice originelle » où les liens érogènes (au sens psychanalytique du terme) auront un rôle fondamental pour la future structuration psychique de l’individu humain. Or, le pouvoir dictatorial, totalitaire a compris cette importance capitale de la relation corporelle originelle dans l’élaboration des idéologies. Par la torture physique, il cassera le corps, le rendra impotent, comme du temps de la petite enfance, fera régresser massivement, par les moyens précités, le psychisme du supplicié, qui dépendra alors quasi-totalement de son bourreau, comme il l’avait été de sa mère; mais le bourreau remplacera l’amour prodigué alors par de la haine massive. C’est dans le vécu de cette haine massive que se situe la quintessence de la douleur psychique : en danger physique, devenu impotent, ivre du besoin d’étre réconforté, aimé, le torturé n’est confronté qu’à la haine. Il connaît alors l’enfer, il est détruit.

Ce moment de la destruction dépend de la structure de l’individu, de sa force psychique avant la torture. Chez certains il apparaît après quelques heures; chez d’autres après plusieurs mois. C’est alors l’immersion dans la psychose, où le monde onirique cauchemardesque prend le dessus, avec la désorganisation de la relation objectale (c’est-à-dire à l’Autre), retour aux relations primitives, mais de façon pathologique.

Le monde moral a alors changé de signe pour le torturé : seule la survie-réflexe comptera. C’est pourquoi son besoin d’être aimé le conduira à s’attacher à ses bourreaux et à haïr les objets aimés auparavant (i.e le conjoint, les enfants, les parents, etc.).

Peu à peu, la situation présente, horrible, infernale, se transforme dans le psychisme du torturé et devient désirable. Il y a alors « inversion des polarités psychiques ». Le moins (l’horreur) devient plus (ce qui est désirable), et le plus (la situation antérieure) devient moins (la mort).

On retrouve cela dans la mentalité de tous les peuples opprimés (et particulièrement en Israël) chez qui l’identification aux oppresseurs prend le pas sur le respect, l’amour dus aux siens.

Comment ce processus d’inversion se met-il en place?

Dans la torture, à un moment donné, comme nous l’avons vu, le monde psychique du torturé s’effondre, est détruit. Il y a alors recherche inconsciente et normale de reconstruction psychique « par tous les moyens ». Or, le seul être disponible à cet effet, est le tortionnaire, qui devient la « mère » (de façon pathogène et perverse cependant), comme au temps de la toute petite enfance, lorsque l’enfant dépendait complètement de sa mère pour construire son psychisme dans la relation avec elle. On assiste à l’articulation entre terreur et détresse d’une part,  et soumission avec alliance fascinée d’autre part.  C’est à ce moment que délation et « aveu » se mettent en place, sommets de l’iceberg de la relation de complicité entre le torturé et son tortionnaire.

En d’autres termes, pour conjurer l’effroi, la victime se met à aimer même le démon ! C’est une sorte de guérison monstrueuse.

On a retrouvé ce processus d’identification à l’agresseur chez bon nombre de prisonniers des camps de concentration nazis. On le retrouve dans les peuples qui ont été colonisés.

 4) Notion de « cibles ».

 On appelle « cible » (target en anglais) la personne, le groupe, l’ethnie ou le peuple, dont les caractéristiques favorisent les passages à l’acte criminels à leur encontre.

C’est la raison pour laquelle certains n’ont pas hésité à rendre coupables les victimes de l’agression criminelle qu’elles avaient subie !

– Exemples :

               -la femme qui a été violée peut être considérée comme provocatrice par certains juges des sévices sexuels qu’elle a endurés (à cause de son aspect vestimentaire, de son maquillage, de ses fréquentations, etc.).

                 -les « marranes » (ou violés en hébreu), sont encore considérés, par nombre de dignitaires de l’Eglise catholique, coupables d’avoir provoqué leur conversion forcée par l’Inquisition espagnole, à cause de leur refus obstiné de changer leurs coutûmes.

Jusqu’à notre époque, il reste donc des personnes pour penser qu’on doit rejeter la responsabilité de l’acte criminel sur la victime, surtout s’il y a agressions répétitives (ce qui entraîne une intense culpabilisation, comme nous l’avons vu plus haut).

En ce qui concerne l’Etat d’Israël, n’entend-on pas souvent, en Europe, et particulièrement en France, dire:

     L’Etat d’Israël provoque les attentats du Hamas , du Djihad islamique, du Fatah ou du Hezbollah!

En France, le Mouvement de défense sociale nouvelle de M. ANCEL a privilégié la réinsertion et le traitement des criminels, comme fer de lance de la prévention de la récidive. Or cette approche a contribué à renforcer l’idée que la victime a tort, qu’elle est « cible », parce qu’elle le cherche. Ce n’est que depuis peu de temps (depuis l’intervention des « French doctors » sur lieux de massacres de masse, en fait), que l’on cherche à se préoccuper, en France, de l’interaction entre la « cible » et l’auteur de l’agression, afin d’inclure la prise en charge des victimes.

Mais cela ne va pas de soi, car les victimes sont encore désignées comme des cibles dans le langage populaire français, surtout dans ces temps de chômage et d’insécurité: c’est le juif, le gitan, l’immigré (thème ô combien exploité par Le Pen). Pour les

 « nostalgiques de Vichy » (expression employée par Henry ROUSSO dans son livre Le syndrome de Vichy de 1944 à nos jours; ed. Le Seuil), l’amalgame est facilement fait entre le juif traditionnel et l’Israélien : ce sont des victimes parce qu’ils le cherchent.

Evidemment, des théories psychologisantes (telles que celles soutenues par certains psychanalystes, ou celles des sociobiologistes affirmant l’inégalité des races) ont cherché à démontrer que les victimes ont tendance à vouloir être des cibles, ce qui a conforté les agresseurs « de tous poils » dans leur désir de continuer à se comporter de façon criminelle. Il faut donc se méfier de toutes ces théories, parce que ce qui peut s’avérer valable dans les limites d’une cure personnelle, individuelle (notamment psychanalytique) ne l’est pas forcément sur le plan social ! (exemple: en quoi un bébé juif avait-il cherché à être cible, lorsqu’il a été gazé à Auschwitz ?).

On a donc décidé, sur un plan international, tout au moins au niveau universitaire (!), de considérer les victimes comme innocentes.

Ce que, par contre, a introduit la dimension scientifique, universitaire, c’est l’étude non passionnelle, non émotionnelle, de l’interaction entre la victime et son agresseur, afin d’éviter les polémiques stériles.

Au niveau de la victime, cela a permis d’envisager des aides médico-psycho-sociologiques et juridiques mieux adaptées, afin de l’aider à sortir du statut de cible, et au niveau de l’agresseur, un renforcement de l’action pénale et curative afin de le dissuader de récidiver, et si possible guérir.

Le jour où Israël tout entier (juifs israéliens et Diaspora) sortira du statut de cible, nous entrerons dans ce que j’appellerais la deuxiême étape du sionisme, et non dans le post-sionisme.

 5) Processus de revictimation (ou survictimation) d’Israël:

 Le mot « génocide » a été banalisé par les média et est devenu un mot passe-partout, alors qu’il a été inventé en mémoire de l’holocauste perpétré par les nazis contre le peuple juif,  par Raphael LEMKIN, professeur de droit international à l’Université de YALE (USA) en 1944.

LEMKIN a forgé ce mot (mélange de grec et de latin: genos = race en grec, et caedere = tuer en latin) pour définir les pratiques de guerre de l’Allemagne nazie, qui a déclenché et poursuivi une guerre totale, non seulement contre des Etats et leurs armées, mais aussi contre des populations cibles désarmées, en premier lieu les juifs.

Je ne reviendrai pas sur la politique d’extermination raciale, totalement planifiée par les nazis qui se basaient sur la lecture morbide des postulats de GOBINEAU et de DARWIN, sur l’interprétation abusive des fondements de la génétique, posés par MENDEL (encore que cela semble nécessaire en FRANCE étant donné les déclarations du Front National concernant l’inégalité des races). Par contre, je reviendrai sur la banalisation du terme génocide qui permet de se poser en victimes, voire de renverser les responsabilités, en accusant ceux qui ont survécu à la destruction de leur peuple, à savoir les juifs israéliens, afin de continuer le processus d’élimination à leur égard (survictimation), ou, afin de se déculpabiliser, en utilisant des formules telles que « ISRAELIENS = NAZIS » et « ISRAELIENS= SS ».

L’utilisation du terme génocide est donc souvent irrecevable parce que faite, soit par des idéalistes de façon erronée (cf. l’expression génocide par substitution, inventée par A. CESAIRE à propos de la politique reprochable de la France aux Antilles françaises, qui consiste à provoquer l’émigration des Noirs vers la Métropole et leur remplacement par des Blancs), des ignorants (les média, les populations occidentales), des pervers (les néo-nazis, les anti-mondialistes à la J. Bové, les responsables de la propagande arabo-islamiste).

En France, le thème de réflexion sur l’origine du mot génocide, a eu beaucoup de mal à s’enclencher, sans doute à cause de la période de VICHY, elle-même basée sur des siècles d’antisémitisme chrétien; et on n’y hésite pas à parler de génocide du peuple palestinien (sic!) sans cesse dans les média (cf. Le Monde, La Croix, Libération, etc.; les chaînes de T.V., surtout la deuxiême chaîne à propos du prétendu massacre de Djénine).

L’influence de l’antisémitisme est patente : pour les nazis, le juif incarnait en premier lieu l’impureté raciale ; mais l’allégation d’impureté des juifs était déjà présente depuis très longtemps en Europe, véhiculée par l’antisémitisme chrétien (cf. le statut de la limpieza de la sangre, ou de la pureté du sang, exigé par l’Espagne catholique inquisitoriale pour les marranes). Les nazis considéraient que la race juive était « impure », parce qu’elle risquait, selon eux, de désintégrer le peuple allemand par son sang (mariages mixtes) et par sa conspiration mondiale de domination de notre planète (délire présent bien avant le nazisme ; délire, car comment une race inférieure peut-elle dominer la planète ?). Toutes ces influences existent toujours et poussent à l’interprétation erronée, délirante, du comportement  de l’Etat d’Israël et à sa survictimation.

Dans la période qui a suivi la création de l’Etat (mai 1948) il y avait une volonté consensuelle de taire le passé traumatique de la Shoah en Israël, afin de ne pas démoraliser le peuple qui supportait un effort de guerre d’une intensité inouïe, et aussi parce que les victimes se sentaient trop coupables pour parler. Mais au fil du temps, la société israélienne s’est enracinée, l’identité nationale s’est forgée. Les victoires de TSAHAL, le procès EICHMANN (en 1960), ont déclenché un processus de « dévictimation » (dépassement du statut de victime), et maintenant on assiste à une démarche de réparation bien plus claire (cf. l’affaire de l’argent des victimes juives de l’holocauste, réclamé à la Suisse, à la France, à la Suède, etc., par l’Agence juive et  le Congrès juif mondial).

C’est aussi cela la deuxième étape du sionisme. Elle s’enclenche même si ISRAEL est encore condamné, survictimé sans cesse, en particulier par les média français .

Mis à part le désir de se déculpabiliser (à cause de l’implication dans le génocide), d’où vient l’insistance des Nations à survictimer l’Etat d’Israël?

Elle réside dans le caractère religieux, mythique, et des victimes, et des agresseurs. Tout tourne en fait autour de la notion de « peuple élu », pour laquelle les juifs ont été massacrés, convertis de force, exilés, déportés, exterminés, tout au cours de l’Histoire (cf. les Croisades, l’Inquisition, les persécutions musulmanes passées et présentes, à cause des graves accusations portées contre eux dans le CORAN, l’extermination par le régime nazi qui s’est posé en compétiteur absolu du judaïsme). On retrouve toujours à l’origine de ces agressions, la jalousie d’élection développée par le christianisme, et la bataille actuelle pour la possession de Jérusalem en  représente la quintessence. Voilà pourquoi Israël est survictimé!

6) Identification d’ISRAEL à l’agresseur.

 Nous avons vu qu’un des moyens de survivre psychologiquement à la torture, c’est de s’attacher, de s’identifier, à son agresseur. Les exemples sont nombreux, de cette aliénation, en Israël.

Mais évitons  de  nous « autovictimer », en tant que nation, en accusant  une partie de l’opinion politique israélienne, que ce soit la gauche ou la droite. Ce qui compte c’est de s’attaquer à la maladie et non aux malades.

 7 )Le « Debriefing » ou déchocage des victimes

 En Victimologie, le debriefing est une technique d’abréaction, c’est à dire de réapparition consciente de sentiments jusque-là refoulés, et donc de guérison. Le debriefing, mis au point aux USA par des médecins militaires, pour les soldats choqués par le champ de bataille, la captivité chez l’ennemi, a permis chez les victimes une prise de conscience de la pleine normalité des  émotions et des comportements de stress (tension émotionnelle, crise de larmes, déceptions, désespoir, honte, culpabilité). C’est par la parole que le groupe de debriefing parvient à liquider ses conflits et à surmonter les séquelles de la surtension émotionnelle des crises.

Israël est un pays qui a connu depuis sa création, de très nombreuses agressions.

La première étape du sionisme a représenté un bon début de dévictimation: le contact avec la Terre (par la création des kibboutz), les victoires de TSAHAL sur des ennemis bien plus nombreux, l’enrichissement spectaculaire en moins de 50 ans, ont permis aux juifs israéliens d’entamer le processus de guérison. Mais nous sommes à la fin du Sionisme, dans un vide idéologique dangereux, surtout depuis l’assassinat de Yitshak RABIN, le 4 novembre 1995. La revictimation fait donc à nouveau son chemin, avec tous les risques que cela comporte pour l’humanité entière. En effet, Israël est un pays puissamment armé, qui risque d’entraîner la totalité de la planète dans sa chute.

Il faut donc qu’Israël arrive à se détacher de sa position de victime, qui le maintient prisonnier sur un plan moral, psychologique, politique, religieux, reclus dans un monde de douleur et de honte, à lécher ses blessures physiques et psychiques. Il faut qu’il se décolle de son passé (au sens large), d’un passé de 2000 ans de souffrances, d’humiliations et de déchéance. Il faut que les agresseurs cessent d’être omniprésents. Il faut que son destin continue sa remise en marche (qu’il avait entamée en 1948). Il faut un retour à l’adhésion à des idéaux.

Mais la France, fille aînée de l’Eglise et puissance musulmane, s’imagine pouvoir manipuler les mouvements les plus dangereux au monde actuellement (l’islamisme et le néonazisme, pour ne citer qu’eux), dans le but de rendre Jérusalem à la papauté. Tous ces mouvements sont extrêmement destructeurs, et ils ont commencé à la déstabiliser gravement elle-même, sur son propre sol !

G. MONTARON et A. VINEUX écrivaient dans le journal Témoignage chrétien du 25 décembre 1989 (déjà) :

Au coeur même de tous les pauvres du monde arabe, les Fedayin sont des héros, l’image vivante du Libérateur. Comme Che GUEVARA en Amérique latine. La résistance palestinienne est une flamme qui éclaire les opprimés et s’étend de proche en proche. Ici encore, plus que chez nous, la résistance est synonyme de Révolution et elle a une puissance messianique incalculable. De quoi frémir…

La France se déclare amie d’Israël; mais il faut qu’elle se montre bien plus claire dans son engagement aux côtés de l’Etat hébreu, si elle veut lutter efficacement contre le terrorisme. Qu’elle ne s’imagine pas tirer quoi que ce soit de positif par son attitude ambivalente !

            L’existence de l’Etat d’Israël est irréversible. C’est un fait accompli, qui ne peut plus être remis en question, pour ne pas risquer l’explosion de la planète. Il faut donc que la France le reconnaisse clairement, afin que les Arabes parviennent eux aussi à l’intégrer dans leur esprit et sortir de leurs discours projectifs délirants qui les entraîne dans un comportement terroriste pour leur perte, grâce à son influence.

Dr Bernard-Israël FELDMAN

Psychanalyste – Psychologue (PhD) – Victimologue